La #MGEN, par la voix de son Président Matthias Savignac exprime des positions très radicales en faveur du suicide assisté et de l’euthanasie dans #LeFigaro le 11/4/2025.
Il suggère, entre autres, de supprimer le critère de « phase avancée ou terminale » (une dépression chronique sévère pourrait alors suffire) pour l’accès à l’aide à mourir, et de favoriser l’accès à l’euthanasie même quand le suicide assisté est possible….
Tout cela, bien sûr, au nom de valeurs humanistes et de progrès social.
S’il est tout à fait légitime que le citoyen Matthias Savignac expose son point de vue sur le sujet, la question est de savoir s’il est pertinent qu’il le fasse au nom d’une des plus influentes mutuelles de notre pays, la MGEN, engageant ainsi tout un secteur dans cette prise de position.
Sur un sujet aussi sensible, il est indispensable de clarifier d’où l’on parle et de savoir si c’est une position partagée par le monde mutualiste dans son ensemble.
La socialisation des dépenses de santé est menacée, y compris pour la fin de vie
La crise financière de la sécurité sociale met en péril la solidarité qui garantit notre protection sociale de la naissance à la mort.
S’il y a bien encore la sécurité sociale qui assure le fonctionnement solidaire de la gestion de nos risques sociaux, elle le fait largement à crédit, ce qui pose la question morale de l’équité intergénérationnelle et de sa survie à moyen terme.
Les mutuelles jouent un rôle d’acteurs complémentaires dans un système de financement dont la crise n’est pas moins profonde , sur le plan :
- des inégalités sociales qu’elle génère (surtout dans la classe moyenne des retraités);
- de la faible efficacité de la couverture du risque santé;
- de son niveau faramineux en coûts administratifs (20% des cotisations, >8 Mrds €/an).
La cause du mal ne vient pas de la présence des mutuelles, per se, mais de l’architecture du financement de la santé à deux étages (assureur public + assureur privé pour la même prestation), qui est inopérante pour relever les défis contemporains.
Est-ce bien raisonnable, de la part d’un patron de mutuelles, d’ignorer ce contexte dans une position sur l’aide à mourir.
De quoi parle-t-on ?
La faible socialisation ds dépenses de fin de vie poserait inévitablement la question du risque de pousser les personnes les plus défavorisées à utiliser l’aide à mourir pour des raisons financières.
Qui a envie de laisser une dette à sa famille pour financer ses derniers jours?
Si la sécu en prend encore en charge 90%, les 10% restants pèsent lourdement sur la classe moyenne de notre pays.
Que propose la MGEN pour financer la fin de vie, les soins palliatifs, la dépendance, et la prévention qui garantirait une plus grande égalité face au vieillissement en bonne santé ?
Si Matthias Savignac veut œuvrer utilement pour le progrès social, il a de quoi faire. Il faut largement restructurer le système de santé et de son financement. Dommage qu’il n’ait pas dit un mot sur le sujet !
Une position extrémiste à clarifier par la Mutualité française
La position du Président de la MGEN est celle d’ un ultra-libéralisme social, de nature libertarienne, défendant un accès le moins encadré possible à l’euthanasie.
Si c’est son droit de l’exprimer, le faire sous couvert d’une tradition de la MGEN dans les droits sociaux est une supercherie, qui cache un vrai militarisme politique des valeurs libertariennes. Au nom de la MGEN, M.Savignac, d’après l’article, mène une campagne intense auprès des Parlementaires, tenter de les influencer avant le vote à l’aide d’amendements supprimant au maximum toute régulation de l’euthanasie.
Le libertarisme est un mouvement très actif, surtout dans l’ombre de la société, pour pousser à une dérégulation extrême de la société de tout ce qui entrave l’individu de règles collectives et morales.
Cette vision ultra-individualiste s’appuie sur la notion de « propriété de soi ». Nul ne peut entraver l’usage de mon corps, même une action nuisant à mon intégration physique, au nom de ma liberté individuelle.
Les libertariens combattent toute notion de société, de conscience collective, de redistribution de richesse. Le seul rôle de l’Etat est de garantir les droits de propriété de chaque individu, pour que chacun d’une liberté authentique.
Cet individualisme radical serait-il le nouveau corpus mutualiste?
Ce serait un grand aggiornamento des valeurs mutualistes si ce point de vue était confirmé par la Mutualité française.
Avant toute décision politique sur l’aide à mourir, il faut impérativement garantir que la question de la soutenabilité financière de cette fin de vie pour les classes populaires et moyennes soit garantie à court et à long terme.
MatthiasSavignac devrait savoir que ce n’est pas le cas.
Cette prise de position extrémiste, exprimée sans retenue au nom de la MGEN, dans un grand quotidien national, est à clarifier par la Mutualité française, et l’ensemble du mode mutualiste.
La Mutualité française devrait déterminer s’il s’agit d’un dérapage personnel ou d’une position politique partagée par le monde mutualiste ?
Enfin, cette position révèle l’ignorance délétère de la crise profonde que traverse notre système de santé, chez certains de ses dirigeants.
Leur déconnexion avec la réalité est vraiment un obstacle majeur à toute réforme !