L’institut Thomas More, dans sa note de benchmarking de mars 2012, démontre que l’Allemagne obtient des résultats sanitaires et une qualité des soins similaires à ceux de la France à des coûts significativement plus bas (les données utilisées sont celles de l’année 2009).
Par rapport à la France, l’Allemagne dispose d’une population supérieure de 17,63 millions de personnes soit +21,5%, d’un PIB de +486 milliards € soit + 20%, 20% de sa population (soit 16 millions) a plus de 65 ans contre 16,5% (soit 10 millions) pour la France, et seulement 13,6% de sa population (soit 11 millions) a moins de 18 ans contre 18,5% (soit 12 millions) pour la France.
Une dépense publique de santé par habitant plus faible en Allemagne
Malgré ce désavantage démographique lié au vieillissement accru de sa population, l’Allemagne a une dépense publique de santé inférieure de 112€ (2609€) par habitant comparée à celle de la France (2721€). Depuis 2000, les Allemands ont mieux maîtrisé leurs dépenses publiques de santé avec un taux annuel de croissance de 1,5% contre 2% pour la France.
La meilleur efficience du système de santé allemand est révélée par le fait que cette maitrise des dépenses se fait sans rationnement des soins puisque les Allemands visitent leurs médecin plus de 8 fois par an contre moins de 7 fois pour les Français.
Une densité médicale et des dépenses d’honoraires plus élevées en Allemagne
Alors que la France a réduit drastiquement son nombre de médecins diplômés dans les années 80, et paye chichement ses médecins généralistes pensant mieux contrôler ainsi ses dépenses de santé, l’Allemagne dédie 9 milliards de plus par an aux honoraires médicaux, soit 19,5 contre 10,6 milliards € en France et dispose de 3,6 médecin pour 1000 habitant contre 3,3 pour la France.
Plus de médecins mieux payés, plus de lits dans des hôpitaux moins nombreux, moins de personnel hospitalier par lit ; l’offre santé en Allemagne est plus abondante tout en générant moins de dépenses soit une rationalité et une efficience supérieures.
50% de moins de dépenses hospitalières par habitant en Allemagne
Les Allemands dépensent, par leur assurance maladie, 13 milliards € de plus que la France en ville (74 contre 61 Md€) et 13 milliards de moins à l’hôpital (55 contre 68 Mds€), soit 50% de moins à l’hôpital par habitant à l’hôpital avec 819€ contre 1229€ en France. Si la France dépensait la même somme à l’hôpital par habitant, la France dépenserait 53 Md€ au lieu de 79 Md€ soit une économie de 26 Md€, qui serait en partie alloué à plus de dépenses en médecine de ville mais constituerait assurément plus de 10 Mds€ d’économie. Ramené aux dépenses totales de santé, la dépense hospitalière allemande représente 11 points de moins avec 24% du total que la France avec 35%.
L’offre hospitalière est plus concentrée en Allemagne sur de grands hôpitaux avec 2 fois plus de lits (323 contre 154 par établissement, 1/3 de moins de personnel par lit (1,63 contre 2,44) et 1/3 de moins d’hôpitaux (2084 contre 2751).
15% de plus de dépenses de médicaments par habitant en France
Avec 506€ de médicaments consommés par an, les Allemands dépensent 77€ soit 15% de moins que les Français. Les Allemands ont mis en place le prix de référence à la fin des années 90, au-delà duquel l’assurance maladie ne rembourse pas et ont largement développé les génériques avec 60% des médicaments consommés contre 20% en France.
Au même niveau de remboursement, la France économiserait plus de 14 milliards € par an pour son assurance maladie
La sécu française rembourse 2551€ par habitant soit 262 € de plus (+11,5%) de frais de santé qu’en Allemagne (2289€), dont 39€ compensé par plus de cotisations en France ce qui laisse un solde net de 223€ soit 14,1 Md€ de plus à la charge de la sécu française par rapport à la sécu allemande.
Les coûts de gestion de l’assurance maladie représentent 7% en France contre 5,4% en Allemagne soit une économie possible de 4 Md€ pour la France.
La comparaison des systèmes français et allemands donne l’étendue du chemin à parcourir pour remettre nos comptes sociaux à l’équilibre tout en conservant l’égalité d’accès aux soins et la qualité des soins. Ni la gestion purement comptable du système, ni l’extension du secteur public ne sont des vois d’avenir pour atteindre ces objectifs.
Frédéric Bizard
Données : Comparaison France-Allemagne des dépenses de santé (2009)
Ecart | ||||
France | Allemagne | Différence | Variations | |
PIB (milliards euros) | 1 889 | 2 375 | -486 | -20,50% |
Population totale | 64 369 050 | 82 002 356 | -17633356 | -21,50% |
Dépenses publiques de santé (milliards €) | 9,30% | 9% | 0,3 pt | 2,90% |
Dépenses publiques de santé (par habitant en €) | 2721 | 2609 | 112 | 4,30% |
Dépenses hospitalières (en % du budget total alloué à la santé) | 35% | 24% | 11 pts | 45,80% |
Dépenses hospitalières (en milliards €) | 79,1 | 67,2 | 11,9 | 17,70% |
Dépenses hospitalières (par habitant en €) | 1229 | 819 | 409 | 50% |
Nombres d’établissements hospitaliers | 2751 | 2084 | 667 | 32% |
Effectifs du personnel hospitalier (en million) | 1035 | 1097 | -0,062 | -5,70% |
Effectifs du personnel hospitalier (pour 100 000 habitants) | 1608 | 1338 | 270,1 | 20,20% |
Nombre de lits | 424 836 | 672 419 | -247584 | -36,80% |
Nombre de lits par hôpital | 154 | 323 | -168,2 | -52,10% |
Effectif du personnel hospitalier par lit | 2,44 | 1,63 | 0,8 | 49,30% |
Dépenses de l’assurance maladie (en milliards €) | 164,2 | 187,7 | -23,5 | -12,50% |
dont dépenses hospitalières (en milliards €) | 68,4 | 55,4 | 13 | 23,50% |
dont soins de ville (en milliards € ) | 60,6 | 74,1 | -13,5 | -18,20% |
Nombre total de médecins | 188 597 | 206 717 | -18120 | -8,80% |
Honoraires moyens d’un médecin généraliste libéral en € | 133 500 | 191 000 | -57344 | -30% |
Honoraires moyens d’un médecin spécialiste en € | 233500 | 203200 | 30288 | 14,90% |
Dépenses totales pour les salaires des médecins (en milliards €) | 10,9 | 19,5 | -8,6 | -43,90% |
Solde de l’Assurance Maladie (en Mds €) | -10,6 | 1,4 | -12 | -846,00% |
Sources: Institut Thomas More (note de benchmarking N°10, mars 2012); Eurostat, OCDE, OMS, INSEE, IRDES, DREEES, Destatis |
bonjour, il y a un paradoxe entre votre page sur le système allemand, et celle sur le « corporatisme » médical. Vous dites que les médecins français se considèrent comme les maîtres du marché des soins. Si c’était vrai, ils ne seraient pas les plus mal payés, dans un système de santé dispendieux et autoritaire. En Allemagne les médecins ont voix au chapitre puisqu’ils gèrent leur système de Santé avec les autorités locales et les caisses. Et ce système fonctionne… beaucoup mieux. Pour rendre la Santé publique rentable en France il faudra commencer par réinstaller les médecins aux côtés des « partenaires sociaux » à la tête de l’Assurance-Maladie (avec un droit de veto). Mr Martinez ne sera sûrement pas d’accord, Mr Gataz non plus. Mais la société française a tout à gagner en stoppant le pillage de la SECU par ces lobbys très peu … charitables.
D.P.
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Article passionnant ! mais comment fonctionne le système des mutuelles allemandes ? Quel est le taux de cotisation moyen et par Allemand ? Serait-il possible d’avoir une comparaison des complémentaires santé entre nos deux pays ? Je suis persuadé que ces informations pourraient être pertinentes et nous éclairer un peu plus, car le système de l’assurance maladie et des dépenses publiques et étroitement lié à son pendant « privé ».
La comparaison des taux de cotisation est difficile à réaliser car 10% de la population allemande est assurée au premier euro par une assurance privée. la loi permet en effet aux Allemands de ne pas cotiser à la sécu à partir d’un niveau de revenus de l’ordre de 45 K€. Pour les autres , la sécurité sociale couvre comme en France de l’ordre de 75% des dépenses de santé.