Nous vivons une époque formidable.
Entre
- un ancien DG de la Mutualité française qui fait la morale dans Le Figaro (que la Maison subventionne grassement avec l’argent des assurés depuis des années, pour attaquer un jour les professionnels de santé libéraux, un autre les pouvoirs publics quand ils n’ont pas suffisamment nourri leur rente) aux médecins qui se déconventionneraient, alors qu’il a largement participé à l’effondrement d’un modèle mutualiste fondé il y a 200 ans ;
- un DG de la CNAM qui se réjouit dans les médias de l’explosion des fraudes sociales que les Pouvoirs Publics ont largement favorisé (je vais y revenir);
- un Ministre des Finances qui se scandalise chaque matin sur la santé gratuite que sa majorité a consolidé (RAC zéro de 2018) sans rien vouloir remettre en cause (tiers payant entre autres);
- une ancienne Ministre de la santé qui a fait voter l’essentiel des textes fin de années 2000 qui ont détruit le système qu’on vient de nommer à la tête d’un machin très coûteux pour vanter l’histoire de ce même système;
- un sous-ministre de la santé actuel qui veut détruire les cliniques privées après avoir détruit l’hôpital public pendant 10 ans…
On vit vraiment une époque formidable. les Lumières, la Belle Epoque, c’était rien par rapport à la profondeur intellectuelle de notre époque.
Qu’allons-nous laisser à nos enfants à ce rythme les ami(e)s ?
Michel Audiard nous manque terriblement pour mettre des mots sur tout ça.
Lao-Tseu (philosophe chinois) disait que « l’humilité sert à agir avec puissance « ; on comprend mieux l’impuissance publique depuis des années en santé.
Mesdames et Messieurs en question, pouvez-vous encore vous regarder dans une glace le matin?
Sérieusement
Si j’étais vous, je n’essaierais pas en tout cas.
Je dis souvent que la responsabilité de tout ce merdier en santé est collective, y compris celle des économistes.
Si nous avions bossé un peu mieux et avec un peu plus de vision globale ces trente dernières années, on en serait pas là.
Mais quand même, certain(e)s portent une plus lourde responsabilité dans la décadence en cours que d’autres.
En plus, ils/elles sont un obstacle à ce que ça cesse et que l’on remette le système sur pied.
Ils/elles pourraient aller cultiver leur jardin comme disaient les philosophes Grecques, ou participer au débat avec humilité et reconnaissance des erreurs passées.
Non, ça s’accroche aux lambris de la République, qui est généreuse avec ceux/celles qui l’on si bien servi(e)s, comme une moule sur son rocher.
« il vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant » (Audiard, je vous avais dit qu’il nous manquait)
L’Institut Santé a construit une voie de sortie de cette crise par une régénération du système (s’il y a mieux autrement, faisons autrement).
D’où mon expression un peu crue de ce jour.
Un mot sur les fraudes sociales.
Cet article du jour des Echos fait le lien direct entre la création des centres de santé nouvelle génération (depuis 2010), le reste à charge zéro et les fraudes sociales et fiscales.
Il aurait pu ajouter la loi de 2009.
Ce n’est pas la peine de culpabiliser professionnels et assurés, dont l’immense majorité est honnête et honorable, et en tout cas certainement pas moins qu’il y a 20 ans.
Si en 20 ans, on a largement tout abîmé en santé, la responsabilité est ailleurs !
Bon we de pâques !