Pour espérer une durée de vie longue en bonne santé, les 8 pays où il faut mieux vivre qu’on soit une femme ou un homme sont la Suède, Malte, la Grèce, l’Irlande, Chypre, le Royaume Uni, le Luxembourg et l’Espagne; soit 4 pays du Sud et 4 pays du Nord de l’Europe et deux des cinq grands pays (manquent France, Allemagne et Italie).
C’est ce qui ressort d’une étude européenne présentée le 19 avril 2012, réalisée dans l’ensemble des pays européens dans le cadre de l’Action conjointe européenne et coordonnée par l’Inserm, sur les espérances de vie en bonne santé.
Des écarts énormes au sein de l’Union Européenne (UE 27)
En moyenne dans l’UE 27, l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) est de 62 ans chez les femmes et de 61.3 ans chez les hommes soit un écart de seulement 0.7 an entre les deux sexes alors que l’écart d’espérance de vie à la naissance (EV) est de 6 années (82.7 contre 76.7). Malte et la Suède se détachent nettement avec une EVSI supérieur à 70 ans pour les deux sexes alors que le troisième pays est la Grèce avec une EVSI de 67.6 ans chez les femmes et 66.4 chez les hommes.
La Suède possède le record en matière de temps de vie en bonne santé chez les hommes de 90%. Les écarts au sein de l’UE 27 atteignent un pic en 2010 avec 19.5 ans chez les femmes (entre Malte et la République Slovaque) et 19.4 ans chez les hommes (entre la Suède et la République Slovaque).
En moyenne dans l’UE 27, l’année fatidique est la 62 ème année où l’être humain déclare souffrir d’incapacité à partir de cet âge avec une tendance à la convergence entre les deux sexes au fil des ans. Les femmes passent environ 75% de leur vie sans incapacité contre 80% chez les hommes, ce qui peut s’expliquer en partie par une déclaration plus volontaire et moins taboue des femmes pour leur mauvaise santé que chez les hommes.
La France est mal classée et en baisse au sein de l’UE 27
Chez les femmes, la France se classe en douzième position en 2010 à 63.5 ans d’EVSI contre une espérance de vie en bonne santé de presque 65 ans en 2008, en 10ème position en UE27 à cette époque! Chez les hommes, la France se classe en quatorzième position en EVSI à 61.9 ans en 2010, contre 62,7 ans en 2008 soit une baisse de trois places. En matière d’EV, la France n’arrive qu’en huitième position chez les hommes à 78.2 ans.
Pour les deux sexes, la France se classe derrière la Bulgarie et la République Tchèque en matière d’espérance de vie sans incapacité !
Parmi les cinq grands pays d’Europe de l’Ouest, seule l’Allemagne fait moins bien que la France, avec des résultats misérables par rapport à son leadership économique aussi bien en matière de PIB que de chômage. Les Allemands ont des résultats en EVSI inférieurs de 3.5 ans à la moyenne de l’UE dans les deux sexes et sont en 20ème et 22ème position respectivement chez les femmes et chez les hommes. L’Allemagne démontre qu’une économie solide ne suffit pas à apporter à sa population une durée de vie longue en bonne santé!
Une diminution de la qualité de vie des femmes dans l’UE 27
On s’aperçoit que le niveau de richesse n’est pas directement lié à une bonne EVSI puisque les deux premières économies de l’UE 27 sont mal classées sur ce critère. L’EV continue à progresser dans tous les pays européens dans les deux sexes alors que l’EVSI diminue chez les femmes et augmente légèrement chez les hommes. Les femmes étant plus nombreuses dans les populations européennes, on observe une augmentation du nombre d’années de vie avec incapacité au cours du temps dans l’UE 27 ce qui est une source d’augmentation des dépenses de santé d’une part et de diminution de la qualité de vie des femmes d’autre part. Les mauvais résultats de la France et de l’Allemagne en espérance de vie en bonne santé sont à relier (c’est une des sources parmi d’autres) à leur niveau plus élevé de dépenses de santé (dans les 5 premiers pays les plus dépensiers dans le monde).
On peut craindre une dégradation de l’EVSI dans l’UE 27 dans les années à venir du fait de la crise économique et financière qui frappe le continent depuis 2008. L’année 2010 ne reflète que très partiellement l’impact de cette crise sur l’état sanitaire des populations. Ce phénomène de dégradation de l’espérance de vie en bonne santé va à l’encontre de l’évidence que semble nous asséner les pouvoirs publics de la nécessité de repousser l’âge de départ à la retraite. Si celui-ci semble nécessaire sur le plan des finances publiques, il n’est pas justifié par l’allongement de l’espérance de vie. En tout état de cause, un relèvement de l’âge de la retraite devrait s’accompagner d’une politique de santé efficace pour accroître notre espérance de vie en bonne santé! Nous en sommes loin!
Frédéric Bizard
Données: Espérance de vie sans incapacité chez les femmes dans l’UE 27; Espérance de vie sans incapacité chez les hommes dans l’UE 27
[…] populationnelle et pas seulement individuelle. On en paie aujourd’hui le prix fort par des résultats sanitaires moyens et une maitrise de la dépense à l’encontre de la qualité des prestations de santé. Les […]
Merci pour nous donner un avis juste sur la dégradation de notre pays en matière sanitaire. Je viens d’être témoin du déclin de notre santé dans notre pays sur un plan personnel concernant mon père qui a été très mal soigné à la fin de sa vie. José